mercredi 28 septembre 2011

Les deux visages d’une même personne ou une autre vision du trouble bipolaire

 Le trouble bipolaire[1] est un trouble d’ordre psychiatrique extrêmement lourd à vivre pour la personne atteinte et son environnement. Loin de vouloir concurrencer ou même égaler les moyens de diagnostic et de traitement des psychiatres et docteurs en médecine, cet article a pour but d’apporter une autre vision de cette pathologie en privilégiant une approche différente.



Définition du trouble bipolaire


La personne bipolaire est caractérisée par des fluctuations pathologiques de l’humeur. Des phases d’excitation euphoriques (manie) alternent avec des phases dépressives.
La persistance de symptômes tels que la tristesse, l'anxiété, la culpabilité, la colère, l’isolement ou le désespoir sont caractéristiques de cette pathologie.
Il existe plusieurs niveaux de bipolarité qui s’étendent des troubles légers jusqu’aux cas lourds nécessitant l’internement en hôpital psychiatrique.
Si les causes persistent l’individu peut devenir psychotique[2]. La maladie a tendance à s’aggraver avec le temps.



Phases maniaques


Les phases maniaques sont caractérisées par l’état euphorique de la personne pouvant aller jusqu’à des symptômes psychotiques tels que les délires et les hallucinations. La personne vit complétement déconnectée de la réalité.
Cette phase est celle de l’expansion pathologique de la personnalité. Il y a manque voir absence de limites comportementales. La personne « brûle la vie par les deux bouts », est excessive en tout et extrêmement sociale.
Cette phase a ceci de dramatique qu’elle entraine parfois une discréditation sociale de la personne dont les actions sont jugées hors de la norme par la société.
Des états délirants (qui ressemblent à ceux des schizophrènes) peuvent être constatés : perception de complots imaginaires ou états « mystiques ».
Pendant cette période, les pensées se bousculent constamment. La personne ressent nettement moins la fatigue que durant la phase dépressive. La phase euphorique peut aller jusqu’à la formulation de projets trop ambitieux, voire irréalistes et/ou mégalomaniaques. On constate souvent une désinhibition sociale et parfois sexuelle.
Durant cette phase, la personne peut être dangereuse pour elle-même et les autres : ce niveau devient alors une urgence psychiatrique.



Phases dépressives


Les symptômes caractéristiques de la phase dépressive sont la tristesse, l’anxiété, le sentiment de culpabilité, de colère, la sensation d'isolement ou de désespoir ; des troubles du sommeil et de l'appétit. On constate également de la fatigue et des pertes d'intérêts dans les activités ; problèmes de concentration ; solitude, haine envers soi, apathie ou indifférence ; dépersonnalisation; perte d'intérêt dans les activités sexuelles ; timidité ou anxiété ; agressivité, souffrance chronique (avec ou sans cause apparentes) ; manque de motivation ; et idées suicidaires morbides.
Cette phase est celle du repli sur soi et de restriction voir de la suppression de la vie sociale. La personne semble éteinte, atonique et sans motivation.



Conséquences sur la personnalité et sur la santé


Le trouble bipolaire est donc en très simplifié, deux facettes (pôles) complétement opposées à tendance destructrice. Symboliquement, on peut imaginer le côté droit et gauche d’une seule personne qui s’entredéchirent constamment et se battent pour avoir le commandement total de la personne. Le centre de la personne s’en retrouve déchiré, écartelé entre ces deux pôles. Ce centre qui est le siège de la personnalité et responsable de son développement, ne peut fonctionner correctement. La conséquence est que la personnalité propre de la personne ne se développe pas mais se manifeste qu’au travers de deux pôles déséquilibrés. Plus le temps passe plus l’alternance des deux phases comportementales déséquilibre le centre de la personnalité. Dans ce cas, le trouble bipolaire peut évoluer jusqu’au point où l’hospitalisation et la médicamentation soient nécessaires.
Physiologiquement, le système d’inhibition de l’action[3] fonctionne excessivement car la personne perçoit une impossibilité de s’échapper de cette situation. Cette situation est très péjorable pour le corps en générant des symptômes comme : l’atrophie musculaire, la suppression du système immunitaire, l’ulcération des voies gastro-intestinales, la défaillance des cellules Bêta du Pancréas.
Ce dernier élément est très important pour comprendre réellement le fonctionnement intérieur de la personne bipolaire : sa perception enfermante du monde fait qu’elle se met dans un état de stress constant qui explique en partie pourquoi elle éprouve souvent une hypersomnie lors de ses phases dépressives. Cette situation explique aussi certains comportements agressifs qui sans explication sont la mise en lumière de ce problème.



Causes possibles de la pathologie


Une des causes possible est une enfance dont le cadre est étouffant, rigide, enfermant. La personnalité de l’enfant se retrouve dans l’impossibilité de s’exprimer, de se développer et de s’expanser. Si le cadre est perçu à l’image d’un mur infranchissable, elle va développer un sentiment de déprime, de tristesse et va s’éteindre. Ses envies, ses rêves et ses désirs ne sont pas satisfait : elle souffre de nombreux manques. Cette situation génère un refoulement général de ce qui symbolise le plaisir plus ou moins total, entrainant un état dépressif.
Inconsciemment, elle va développer l’envie de satisfaire ses pulsions par une stratégie biaisée : comme la situation de vie courante n’est pas normale mais enfermante, la personne cherchera à satisfaire ses pulsions d’une manière totalement inversée en développant une facette symétriquement opposée.
Par contre, estimant ne pas avoir le droit de franchir les limites physiques de son monde étriqué, elle va le faire dans sa tête : elle « va faire le mur » dans sa tête afin de satisfaire à ses pulsions.
La présence de ce mur rend impossible, toute liaison et vision cohérente entre « ses deux mondes ». L’alternance de ces deux personnalités détruit l’enfant intérieur[4]. Peu-à-peu la personne perd la capacité objective d’évaluer le monde, sa personnalité et leurs interactions. A chaque changement de phase, la problématique augmente et les symptômes deviennent de plus en plus pathologiques. La conséquence est que la personne n’a plus une vision globale et « sort du monde réel » sans s’en rendre compte.
Il est primordial de comprendre que des chocs émotionnels graves déniés peuvent conduire à cette pathologie, voir même toucher les descendants. En effet, certains chocs émotionnels graves familiaux deviennent ce que l’on appelle des secrets de famille, qui induisent inconsciemment chez les parents le sentiment qu’ils doivent protéger outrancièrement leurs enfants de la société et « de ses dangers ». A nouveau, il est important de déculpabiliser, que l’on soit témoin ou acteur de cette pathologie. Comprendre que tout choc émotionnel créé une douleur qui, non exprimée, génère une névrose est important. En osant affronter sans délai ses peurs et ses angoisses, l’être humain se protège de fâcheuses conséquences dans le futur.



Le monde enfermant


Dans le cas d’un cadre éducatif enfermant, le drame est que l’environnement qui le génère part souvent d’une bonne intention : protéger l’enfant « des agressions du monde extérieur ». Essayant de donner un cocon vital protecteur, l’environnement peut dans certain cas oublier de préparer l’envol (la future émancipation) de l’enfant en lui donnant des outils de vie primordiaux afin de vivre en société.
Il se développe alors la fausse perception de deux mondes complétement distincts au sein de la personnalité en cours de structuration :
1.      Un monde familial représentant l’amour, le plaisir, le confort, etc.
2.      Un monde social représentant un risque majeur et développant inconsciemment des angoisses (abandon, mort).

Il est simple de comprendre que ces deux mondes entrent constamment en conflit et qu’ils sont incompatibles.
Ce genre d’environnement anormal est le royaume du contrôle de tout ce qui se passe et du maintien d’une certaine tradition. Tout ce qui est incontrôlable, nouveau, inconnu ou inconscient est déterminé comme dangereux et rejeté. L’absence de capacité à entrer en contact avec ce qui est nouveau rend cet environnement étouffant sans apport « d’air frais » (pensées, émotions, actions nouvelles).



L’adolescence


Si au cours de la période de puberté, le mouvement d’émancipation progressif est rendu impossible par la rigidité du cadre, le jeune adulte inhibe alors tout son propre développement en brimant sa personnalité naissante. L’adolescent le fait « par amour » de sa famille et relaie en lui la perception que seul le milieu familial permet la vie en sécurité.
Au lieu que l’adolescent prennent son envol peu-à-peu, il s’extrait de la société avec laquelle il entretient une relation faussée empreinte de peurs, d’angoisses.
La structure familiale étouffante est paradoxalement perçue par l’ado comme rassurante et synonyme de seul milieu de vie possible.
Il se développe des perceptions falsifiées de la réalité comme par exemple :
1.      Pour la jeune fille : les hommes sont des êtres dotés de force brute, donc potentiellement dangereux et uniquement intéressés par le sexe (l’amour étant décrit comme « attribut féminin exclusif »), mais…la femme est décrite en opposition comme faible et dépendante, dans sa vie d’adulte, de l’homme. Ce dernier devient par sa capacité à protéger (reformer le cocon familial protecteur autour de la femme) et à gagner de l’argent indispensable (tout en étant perçu intérieurement comme dangereux !! Ce qui créé un paradoxe insupportable et génère un état d’inhibition). Dans ce cas de figure, la jeune fille est éduquée à subir l’insupportable parce que nécessaire.
2.      Pour le jeune homme : la société est dure, froide et cruelle et seules les personnes à l’attitude de « winner » sont vainqueurs. Le jeune homme apprend à réprimer tout l’aspect faible de sa personne et surtout toutes ses émotions. Le jeune homme devient alors quelqu’un qui brime intérieurement son ressenti car synonyme de défaite. La femme est alors souvent perçue comme un être faible qui a besoin d’aide. L’homme dans ce cas aime la femme mais pas sa faiblesse et l’expression de ses émotions qu’il rejette alors de toutes ses forces « pour ne pas mourir ».

Dans l’exemple ci-dessus, l’interaction entre ces jeunes gens débutent sur des bases pathologiques qui s’entretiennent et malheureusement se corroborent mutuellement.



L’âge adulte


L’adulte est la personne qui s’émancipe de sa structure familiale. Dans le cadre type décrit ci-dessus, la personne « fait comme tout le monde » et s’émancipe physiquement de sa famille. Cependant, de par la description du monde qu’elle a reçu, le contact avec celui-ci est nécessaire mais hautement dangereux.
Avec son côté « bonne fille-bon garçon », la personne respecte la loi comportementale apprise durant l’enfance, mais étouffe dans ce cadre. Elle est la fierté de sa famille mais ne peut pas respirer dans ce carcan trop serré pour elle. Elle se donne des moments « soupapes » durant lequel elle viole la loi mais qui lui permette de respirer enfin.
A moindre niveau, la personne s’autorise une sortie débridée, pratique du sport lui permettant d’évacuer le stress ou pratique une activité en rupture avec son monde habituel. Mais lorsque le cadre est extrêmement resserré, le trouble bipolaire peut se mettre en place avec force juste après l’émancipation, c’est-à-dire vers 25-30 ans.


Dans la société


Tant pour l’individu que pour la société, lorsque le cadre de vie est trop étriqué et étouffant, il se créé un sentiment de pression insupportable. Il s’ensuit une explosion durant laquelle le cadre est transgressé avec force et excès.
Un exemple très parlant de cette situation est le mouvement des années soixante durant lequel le cadre a été bousculé car plus tolérable. Tant au niveau du rapport homme-femme, du code comportemental (habits, us et coutumes), des rapports avec la hiérarchie, les jeunes ont refusé de reproduire le cadre parental jugé comme dépassé. On peut constater que cette période a été emplie d’excès qui une fois régulés et digérés par les couches dirigeantes a permis l’émergence d’un monde nouveau sur l’ancien rendu caduque.


Moyens d’aide constructifs


Quel que soit le point de vue, on ne peut nier le besoin pour l’enfant d’avoir un cadre parental. Celui-ci doit être idéalement « remis en question », au sens propre du terme, au niveau de l’adolescence, par l’individu qui perçoit qu’il peut et à le plein droit de penser par lui-même. Il peut alors distinguer :
1.      ce qu’il aime de ce qu’il déteste
2.      ce qui est juste de ce qui est faux
3.      ce qui est bon de ce qui est mauvais
4.      etc.
Par et pour lui-même. Le jeune adulte devient progressivement indépendant de son milieu d’origine et peut prendre place dans la société en tant qu’adulte. Il peut alors échanger avec elle car conscient qu’il a de la valeur en tant que tel, en tant qu’être individualisé. Son essor social est alors proportionnel à son investissement.

Dans le cadre qui nous intéresse, toute cette phase édificatrice de la personnalité n’est pas vécue car complétement brimée par l’extérieur et reliée intérieurement par l’ado lui-même.

Le travail qui peut se faire, en plus de consultations chez un professionnel compétent (avec éventuellement prescription médicamenteuse), consiste à :
1.      faire prendre conscience de l’aspect irréel de la perception du monde de la personne
2.      d’en déterminer l’origine clairement : période de vie et environnement social
3.      effectuer un long travail d’introspection visant à faire prendre conscience à la personne de la réalité objective du monde. Ce qui correspond dans ce cas à une détermination clair du comportement de l’environnement (y.c. l’aspect « risque » déterminé sur des bases objectives) et des besoins de la personne de façon très précise.
4.      Mettre en place un mode de vie dans lequel la personne accrédite globalement son être et ses besoins afin d’y pourvoir en échangeant avec la société sans comportements excessifs dans le but de combler ses manques et de s’épanouir sans peur, ni angoisse excessive. La personne doit apprendre à se protéger contre les risques objectifs tout en restant ouverte afin d’aller à la rencontre de la nouveauté sans inhibition.

Le principal axe de travail consiste à changer l’interprétation du monde par la personne. En lui donnant la possibilité dans un travail de reconstruction de sa propre valeur personnelle, la personne développe sa confiance en elle et trouve en elle le courage d’abattre ce mur érigé qui n’a plus en l’état, de fonction protectrice.
Elle peut enfin aborder le monde d’une façon neutre en évitant ses excès comportementaux passés. L’édification de sa personnalité pourra se faire enfin, comblant ainsi ce centre dont nous parlions. Valorisant son ressenti d’une part et sa capacité à  appréhender le monde rationnellement d’autre part, elle pourra se livrer à des activités lui correspondent parfaitement dans le respect de ce qu’elle est.
La dernière étape est celle qui consiste à stabiliser les nouveaux acquis par la personne, qui restera vigilante afin de déceler ses propres fluctuations d’humeurs. Cette étape est aussi celle durant laquelle la personne doit faire le chemin intérieur afin de se pardonner d’éventuels actes « honteux » qu’elle aurait pu faire durant ces phases maniaques. Le pardon est important car il permet à la personne de s’éloigner sans fuir de sa phase pathologique et de recommencer une nouvelle vie dans la fierté d’être elle-même.



                                                                                     Jean-Christian Balmat

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[1] Anciennement appelé psychose maniaco-dépressive ou maladie maniaco-dépressive
[2] Psychotique : personne souffrant de psychose. Le terme signifie « anomalie de l'esprit » et est un terme générique psychiatrique désignant une disposition mentale correspondant à une « perte de contact avec la réalité ».
[3] Voir à ce sujet l’article « Comprendre et changer ses comportements ».
[4] Dans ce contexte l’enfant intérieur la somme de toutes les expériences de vie d’un point de vue émotionnel. L’enfant intérieur

vendredi 16 septembre 2011

Un thérapeute s’éveille

En chaque être humain existe un potentiel de guérison. Lorsqu’il vit harmonieusement, son potentiel de guérison se manifeste par sa capacité physiologique, affective et psychologique à soigner ses propres blessures et se régénérer dans ces trois aspects.
Comme nous l’avons vu, tout ne va pas de soi pour l’être humain : la vie quotidienne de chaque être humain sur terre démontre que le maintien de l’harmonie intérieure est un défi immense plutôt qu’une évidence. Les blessures du corps, du cœur et de l’esprit demandent des capacités multiples que l’Homme acquiert au court de son évolution.
Dans la vie présente, ses parents l’ont aidé à appréhender ceci au mieux, dans leur subjectivité et selon leurs propres capacités. Reste à l’adulte a « apprendre sur le tas » à l’école de la vie. Les expériences ainsi acquises dans le passé, créent des impressions-associations présentes qui influent sur le futur de l’individu.
Chaque expérience passée est pour l’Homme :
l  Un contexte factuel précis associant des êtres vivants, des objets.
l  Un rituel précis reconnu (ou non) par la société.
l  Un faisceau d’émotions qui définit la qualité de l’instant vécu d’une manière affective : souvenir de plaisir ou de douleur, gens inconnus ou familiers, moments anodins ou événements affectifs.
l  Des pensées et des idées vécues précisément à cet instant.

Tant que l’être humain considère son passé à la manière d’une bibliothèque qui s’étoffe de livres au fil des années, il ne peut que constater qu’il perd de l’espace habitable chaque année, les livres s’entassant. Par contre, s’il prend le temps d’aller voir sur les étagères ce qui s’y trouve, il peut lire avec un autre regard les mêmes ouvrages. Symboliquement, de l’ « homme qui subit » il devient l’ « homme qui agit ».
Les expériences sont les livres, la bibliothèque représente la mémoire, la personne est l’esprit de l’homme et la maison tient le rôle de la vie intérieure. Les expériences sont toujours une source énorme d’enseignement, qu’elles furent bien ou mal perçues par nos cinq sens. Tant que l’individu n’ouvre pas ces livres c’est-à-dire qu’il ne tente pas de les comprendre et d’en tirer l’expérience, il vit comme un aveugle. Il a cependant la capacité de se servir de ce savoir latent et d’en tirer le plein potentiel.
L’expérience a cette capacité passive que lorsqu’elle n’est pas « digérée », elle représente un boulet cependant lorsque ce travail est effectué elle devient la dalle qui pave la voie de notre évolution.
Le thérapeute est simplement l’être humain qui reconnait sa capacité à guérir et qui, l’ayant pleinement réalisé sur lui, le partage avec son congénère. Ce changement se produit d’innombrables manières selon les époques et sociétés. Cependant il existe une constante : le centre de l’Homme qui a toujours continué la Vie dont il jouit sans la comprendre. L’acquisition du savoir permet à l’homo sapiens de devenir « humain », intelligent, pleinement conscient de ce qu’il EST dans son essence. Le thérapeute est celui qui a effectué un profond travail de recherche intérieure fait d’expériences toutes personnelles et qui lui sont propres. Celui qui comprend la Vie peut harmoniser sa vie. Mais surtout il ne se définit plus au travers de ce qu’il possède et ce qu’il fait, mais au travers de ce qu’il est.
Le travail personnel se définit par la capacité honnête et modeste qu’à chaque individu de chercher des réponses intérieures avec la connaissance qu’il a ou qu’il acquiert auprès d’autres congénères plus expérimentés que lui dans un domaine précis. Il peut prendre des formes multiples et diverses, mais il n’est vrai que lorsque le travail est fait intérieurement par la personne elle-même. Être thérapeute c’est transmettre à l’autre ses propres capacités d’auto-guérison, c’est un don de vie après l’avoir reçu. C’est une des façons de partager la vie, celle-ci étant énergétique, émotionnelle et psychologique, voir spirituelle.
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                                                                                     Jean-Christian Balmat

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vendredi 9 septembre 2011

Comprendre l’hyperactivité au travers de l’alimentation et du type d’activité


L’hyperactivité apparait comme une pathologie qui touche de plus en plus de personnes dont les enfants scolarisés. Les traitements médicaux proposés ont souvent des nombreux effets secondaires désagréables. Le but de cet article est de donner une approche simple et naturelle via la médecine complémentaire, qui permet d’appréhender cette pathologie afin de la contenir voir de la diminuer.



Définition simplifiée

Le TDA/H ou trouble du déficit de l'attention/hyperactivité est un trouble neurologique caractérisé par des problèmes de concentration (TDA) avec ou sans hyperactivité/impulsivité.

Les symptômes généralement rencontrés sont :
·         Impulsivité
·         Hyperactivité
·         Impatience
·         Facilement irrité, frustré (frustration)
·         Sautes d'humeur, surtout quand dérangé lors d'une activité
·         Inattention, distraction, difficulté de se concentrer pour une période prolongée
·         Moments d'absence, rêveries
·         Difficulté à se mettre au travail
·         Extrême difficulté à faire le vide dans sa tête
·         Oublis fréquents
·         Etc.



Les trois programmes du cerveau dans l’action


Lorsque l’on tente de comprendre l’hyperactivité, il est essentiel de comprendre les bases du comportement humain dans l’action.
L’être humain est programmé à reproduire des comportements qui, dans son histoire ou dans celle de son espèce, ont procuré du plaisir, en entretenant sa vie (homéostasie) et en la faisant évoluer.
Ce qui satisfait pleinement une pulsion intérieure génère du plaisir. La satisfaction correspond à la cessation du manque intérieur ayant généré la pulsion. Le plaisir est la preuve sensorielle que le manque a cessé et que le corps va bien. La douleur est évidement l’inverse et conserve la préservation de l’intégrité du corps : en retirant par réflexe sa main d’une plaque chaude par action réflexe instinctive, nous sauvons notre main, sans y réfléchir consciemment. Ces deux notions ont présidé à la spécialisation de trois systèmes nerveux liés aux comportements : l’un est à la récompense (MFB), l’autre à la punition (PVS) et le dernier à l’inhibition (SIA).
Le cycle pulsion – action – satisfaction, géré le MFB et la fuite ou la lutte efficace, permettent à l’organisme de préserver son homéostasie dans l’action et composent à eux deux le système activateur de l’action (SAA)
Le plaisir est le moyen développé au cours de l’évolution de notre espèce, pour nous inciter à manger, à trouver un partenaire sexuel, à se protéger du froid, etc.



La récompense et la punition


Ces deux systèmes ont pour but de préserver l’homéostasie par l’action et forment ensemble le système activateur de l’action (SAA).



·         le système activateur de l’action propose deux choix selon la situation :
·         Action ou ressenti plaisant > Activation du MFB > Désir (envie de…) > Action > Satisfaction.
·         Action ou ressenti douloureux > Activation du PVS > Fuite ou, si impossible lutte > qui, si elle aussi est impossible nous amène vers le SIA…
·         Le système inhibiteur de l’action prend le relais du SAA lorsque ce dernier ne peut agir :
·         Inhibition de l’action > Activation du SIA > Perturbation pathologique de l’organisme[1]



Utilité dans la compréhension de l’hyperactivité


Prenons le cas d’un enfant scolarisé et essayons d’imaginer ce qu’il peut ressentir au cours de la journée :
·         Il doit rester tranquille et se concentrer sur des matières scolaires qu’il n’a pas choisies.
·         Il rentre à la maison et « pour se détendre » regarde la télévision ou joue aux jeux vidéo environs trois heures par jour.

Ces deux simples faits assez communément vécus, décrivent des situations où le SIA est susceptible de fonctionner, pour les raisons suivantes :
·         Le fait de ne pas pouvoir bouger d’un endroit, s’il est mal perçu (notion d’enfermement, de restriction de mouvement) est mal vécu. L’école fait partie de ces passages obligatoires pour tous, qui peuvent générer un stress énorme chez l’enfant qui la perçoit comme un endroit agressif et dénué de plaisir.
·         Puis pour se « reposer » il s’assoit immobile devant un écran de tv ou de pc. Si en plus, il regarde des images violentes le tout dans un gros volume sonore, toutes les conditions sont réunies afin que son niveau de stress augmente.

Ces deux situations ont comme point commun qu’elles ne permettent pas au corps de bouger, créant un stress vécu comme une fébrilité intérieure angoissante susceptible d’exploser à la moindre sollicitation supplémentaire.



Facteur aggravant


Ce système nerveux dont nous venons de parler à une qualité de  fonctionnement très variable en fonction de l’alimentation absorbée :
Chaque aliment libère de l’énergie d’une quantité déterminée et d’une certaine façon. Sans entrer dans le détail de la diététique humaine, mais en portant notre attention sur les sucres uniquement, nous pouvons constater les choses suivantes :
·         Les sucres rapides libèrent beaucoup d’énergie en peu de temps. Les sucres lents libèrent leur énergie sur une longue période et d’une façon plus régulière.
·         Les aliments industriels contiennent tous beaucoup de sucre et de sel. Ils déséquilibrent les apports nutritionnels.
·         L’alimentation moderne chez l’enfant est une alimentaire beaucoup plus énergétique que celle de ses ancêtres. De plus, en moyenne, les enfants actuels dépensent beaucoup moins d’énergie que leurs ancêtres.

Sans parler des problèmes d’obésité que cela génère, les aliments industriels à disposition des enfants de la génération actuelle, celle-ci génère trop de « carburant » à un moteur déjà en surrégime.



Conjugaisons des problématiques aggravantes


Loin de jeter la pierre aux parents dont je fais partie, nous devons reconnaître que la plupart des enfants subissent :
·         Au minimum un voir deux parents pressurisés par la situation économique, rentrant stressés le soir à la maison.
·         Une scolarisation où la pression se fait sentir de plus en plus tôt.
·         Un univers informatique dans lequel jeux, réseaux sociaux, appels téléphoniques prennent une place énorme en terme d’heure.
·         Une alimentation souvent déséquilibrée dans le cas où elle est industrielle.



Solutions simples


Des moyens d’aider des enfants hyperactifs dans la situation décrite sont simples à mettre en œuvre :
1.      En cas de perception négative de l’école : par un travail de fond, donner à l’enfant les moyens de percevoir sa scolarisation comme un élément structurant de sa vie, comme un moyen d’atteindre ses rêves. Mais plus que tout, l’objectif sera d’abaisser le niveau de stress négatif au plus bas afin de le transformer une énergie positive de travail :
a.       Déterminer quels sont ses ambitions professionnelles ainsi que personnelles.et autant que possible les aider dans des projets concrets simples afin de les atteindre à terme.
b.      Le soutenir en étant positif face à son travail scolaire présent. Même si les résultats présents n’atteignent pas les objectifs fixés, l’aider à changer de stratégie ou…de réévaluer les objectifs.
2.      En cas de manque d’activité extra-scolaire physiques : essayer d’en trouver une à son goût afin qu’il puisse s’y défouler, s’y exprimer en y trouvant beaucoup de plaisir. Pour certains ils pourront y apprendre à planifier et organiser leurs efforts dans le temps (préparation à la compétition), y découvrir leur talent artistique (danse) ou inventive (skate ou snow board, ski accro), y découvrir de la maîtrise et de la précision technique (art martial), l’esprit d’équipe (sport de groupe). Mais l’important est qu’il se réalise lui-même si les parents ne sont pas familiers à l’activité en question.
3.      En cas d’excès de tv ou de pc : limiter la durée en négociant avec l’enfant sans tout lui restreindre mais par exemple exclure les jeux faisant l’apologie du crime (augmentation énorme de colère qui non-exprimée explose dans un contexte familial ou social inapproprié). Convenir de période où l’enfant doit sortir pour des activités à l’extérieur afin qu’il se défoule et se socialise. Cela demande aussi de trouver des activités en famille afin de combler ce temps où la tv ou le pc sont éteints pour tous ce qui permet à chacun de faire de l’exercice et même parfois d’avoir une discussion ouverte en famille.
4.      Problèmes de mauvaise alimentation : Faire des achats en limitant drastiquement les sucres et produits industriels ou en les supprimant si possible afin de mettre à disposition des aliments sains. L’aliment reprend alors sa fonction primaire : combler les besoins physiologique réels de l’enfant et non ses envies en terme de goût.

En 21 ans d’activité de thérapeute, ces petits moyens ont permis à beaucoup d’enfants en consultation de comprendre un peu mieux ce dont ils souffraient en leur donnant les moyens d’agir pour améliorer la situation. Ces moyens correctement mis en œuvre réenclenchent un dialogue parents-enfant parfois dégradé. L’hyperactivité peut aussi se réguler par et pour l’enfant qui est le premier concerné. D’expérience, ce dernier apprécie énormément qu’on le responsabilise positivement en lui faisant confiance dans son propre processus de guérison.

Il est évident que cela devra se faire en parallèle à un profond travail introspectif afin de travailler sur les peurs et les angoisses, afin que l’enfant puisse avec une aide compétente les transcender afin d’atteindre son plein potentiel.

Car l’hyperactivité est avant tout un état de désadaptation de l’enfant en état de stress intérieur. En l’aidant à changer son monde intérieur par la pensée et l’émotion, on lui donne le moyen d’interagir positivement avec son environnement extérieur.



                                                                                     Jean-Christian Balmat

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[1] Si la situation perdure des mois ou des années, les conséquences peuvent être catastrophiques en termes de santé (voir aussi le sous-chapitre sur le stress) en affaiblissant fortement les capacités du système immunitaire.