Peur, anxiété angoisse ou le système de punition
D'un point de vue psychologique, la peur, l'anxiété et l'angoisse
désignent trois réalités distinctes. Elles sont toutefois apparentées et
peuvent aussi être considérées comme trois degrés d'un même état : la mise
en jeu du système nerveux sympathique qui pousse à l'action quand celle-ci est
possible.
Mais la peur est aussi et surtout l’expression du système de punition
qui, chez l’Homme et le mammifère, le protège de tout ce qui est un danger ou
perçu comme tel.
La peur
La peur est une émotion forte et intense éprouvée en présence ou d'une menace réelle et immédiate d’origine
extérieure. Pour être plus précis la peur est le sentiment que notre
système d’alarme détecte lors de l’exposition à des dangers divers et produit
des réponses qui augmentent nos chances de survie face à cette situation
dangereuse. Autrement dit, elle met en branle une séquence comportementale
défensive (un programme défensif).
Cette réaction défensive qu’est la peur peut surgir à la pensée d'un
danger potentiel.
A noter qu’une peur transgénérationnelle transmise mais
restée dans l’ombre peut se manifester par une anxiété lorsque la personne y est
exposée.
L’anxiété
L'anxiété est une émotion vague et déplaisante qui traduit de
l'appréhension, de la détresse, une crainte diffuse et sans objet.
L'anxiété peut être produite par diverses situations :
1.
une surabondance d'information qu'on ne parvient
pas à traiter
2.
la difficulté d'admettre certaines choses (comme la
mort d'un proche)
3.
le manque d'information qui fait nous sentir
impuissant
4.
un manque d’estime de la personne qui débouche sur
une anxiété lorsqu’elle passe à l’acte.
5.
Une crainte d’une situation imaginée mais redoutée
(processus issu du néocortex)
L’inhibition
de l’action
L’inhibition de l’action
(ou syndrome d’inhibition de l’action, SIA) est la conséquence d’une anxiété
chronique générée par un processus du néocortex.
Les conséquences pathologiques
de l’inhibition de l’action sont nombreuses et ont été abondamment décrites
dans les articles précédents consacrés à ce sujet : dépression, maladies
psychosomatiques, ulcères d’estomac, hypertension artérielle sont les plus
évidentes. Mais des dérèglements génétiques plus graves comme les cancers et
l’ensemble des pathologies associées à une diminution de l’efficacité du
système immunitaire sont aussi susceptible de découler de l’activation
prolongée du SIA.
L’angoisse
L’angoisse est un
malaise psychique plus ou moins intense (sa manifestation la plus intense étant
la crise de panique[1])
due au fait que la personne ne se sent pas apte, à la hauteur, au bénéfice des
capacités de répondre à un stimulus externe.
La plupart du
temps, l’individu est alors envahit par la crise d’angoisse qu’il a du mal à
contrôler. Il lui est difficile de déterminer l'origine de son angoisse. Il ressent alors les palpitations, les sueurs
et les tremblements l'envahir. Il a du mal à se concentrer et à assumer plus
d’une tâche à la fois. Ses muscles se crispent, il respire avec peine et digère
mal.
Le syndrome
de stress post-traumatique
Le syndrome de
stress post-traumatique ou SSPT est un état post-traumatique dans lequel la
personne voit globalement sont état se péjorer tant psycho-affectivement que
physiologiquement de manière chronique. Ceci est vrai dans des conditions de
vie normal cependant la manifestation du SSPT est à son paroxysme dans le cas
où la personne est confrontée dans le présent au contexte traumatique ou même
un élément du contexte.
Exemple : une personne se promène sur une route de campagne sur la
rive gauche d’une rivière. Elle voit au loin une ferme sur la gauche de la
route. En s’approchant de la ferme elle aperçoit qu’un chien dort sur sa niche,
laquelle se trouve devant la ferme à env. 4 mètres de la route. A ce moment
dans le ciel des corbeaux passent en croassant. Arrivant à la hauteur de la
ferme, le chien se réveille en aboyant et en courant tous crocs dehors vers la
personne, qui effrayée, ne bouge pas du tout, mortifiée par la peur. Mais
soudain le chien est arrêté net par la chaine à laquelle il était attaché (sans
que la personne l’ait vu auparavant). Le chien mord dans le vide sans pouvoir
atteindre la personne qui reste ainsi à 1 mètre de l’animal qui claque des mâchoires
fou de rage. Suite à cet événement, la personne se retrouve complétement
traumatisée par cet événement de par sa passivité et son incapacité à prévoir
et surtout réagir à cet événement. Chaque nuit devient une hantise, car la
personne fait toujours le même cauchemar : le chien casse sa chaine et le
mord rageusement jusqu’à la mort la traitant comme une vulgaire proie. Chaque
jour est une suite d’angoisses, la personne limitant de plus en plus sa vie
sociale jusqu’à la limiter ses sorties de l’appartement à son travail et le
strict nécessaire pour assurer ses besoins de base.
Cette personne sans aucune aide est susceptible de rester traumatisée
toute sa vie de par les refoulements et d’avoir des crises de panique à chaque
fois qu’elle se voit exposée au contexte complet ou une partie de celui-ci.
Les chocs pouvant générer un SSPT ont en point commun qu’ils provoquent
l’incapacité totale de la personne d’agir efficacement pour se protéger. Cette
incapacité à protéger son intégrité physique et surtout psycho-affective
détruit la perception que la personne a d’elle-même. Se sentant soudain exposé
à une vulnérabilité symbolisant la mort, la personne vit dans un état de
torpeur.
La conséquence directe est que la personne est perturbée car elle n’est
plus capable d’adapter sa réaction de peur au « bon » contexte et aux
« bons » éléments prédictifs. Elle prend peur dans des situations qui
ne présentent aucune menace. Les peurs deviennent alors de plus en plus
envahissantes jusqu’à empêcher une vie normale.
Dans notre exemple il est normal que la personne éprouve un sentiment de
peur en face de chiens. Par contre elle ne devrait pas avoir peur lorsqu’elle
entend des croassements de corbeaux. Si c’est le cas nous sommes clairement en
présence d’un SSPT.
Le SSPT résulte probablement d’une surproduction de glucocorticoïdes[2]
chez certains sujets au moment de l’événement traumatique.
Les glucocorticoïdes induisent des difficultés de
mémorisation qui sont accompagnées par une réorganisation de l’activité du
cerveau, et en particulier du circuit hippocampe-amygdale, un des circuits
essentiels à l’encodage des souvenirs associés à la peur comme nous l’avons vu.
Alors que dans des conditions normales une personne associe
une menace à un contexte, on observe une forte activité dans l’hippocampe, la
structure du cerveau nécessaire pour tous les apprentissages qui associent un
contexte spécifique, un espace, à un événement. En revanche l’activité de l’amygdale
est faible. L’amygdale est une zone du cerveau aussi impliquée dans la mémoire
émotionnelle, mais elle mémorise les indices spécifiques, comme des sons, qui
prédisent la menace.
Par contre quand les sujets sont soumis à une augmentation
des glucocorticoïdes et que des déficits de mémoire qui caractérisent le SSPT
sont observés, l’activité dans l’hippocampe baisse, celle relevée dans
l’amygdale augmente. En état de stress post traumatique, les chercheurs notent
donc une inversion de l’activité normale du cerveau. L’activité anormale dans
l’amygdale peut expliquer le fait que le sujet commence à sur-répondre à des
prétendus indices, présents au moment de l’événement traumatisant mais qui ne
sont pas, en eux-mêmes, prédictifs d’un quelconque danger. L’activité faible
dans l’hippocampe peut expliquer que le sujet ne reconnaît plus le bon
contexte : il est donc incapable de d’avoir une réaction de peur
uniquement face à une situation appropriée.
Le SSPT n’est pas seulement un souvenir excessif de la
situation traumatisante mais surtout un déficit de mémoire qui empêche la
personne atteinte de restreindre sa réaction de peur au contexte qui prédit la
menace. Dans le SSPT les forts souvenirs de l’événement traumatisant sont
associés à une amnésie du contexte environnemental lié à l’événement
traumatique. Certains éléments du contexte, présents lors de l’événement
traumatisant, sont considérés, à tort comme prédictifs de l’événement. En
conclusion, le SSPT semble être causé par une réponse biologique au stress anormal
chez certains individus : une production excessive de glucocorticoïdes
simultanée à une exposition à un stress intense provoque, chez ces individus,
une inversion de l’activité
Hyperactivité
ou trouble du déficit d’attention
Le trouble du déficit de l'attention (TDA en anglais :
Attention-deficit disorder, ADD) est un trouble neurologique caractérisé par des
problèmes de concentration.
Il est question de trouble du déficit de l'attention avec
hyperactivité (TDAH ou TDA/H en anglais : Attention-deficit hyperactivity
disorder, ADHD) lorsqu'il s'accompagne d'hyperactivité/impulsivité.
Cet état psychique se manifesterait, sur le plan
neurologique, par un déficit de dopamine, un neurotransmetteur.
Le TDA/H a un aspect héréditaire, impliquant notamment le
rôle des transporteurs de dopamine.
L'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité sont les
comportements clé du TDAH. Le TDA/H est souvent associé à d’autres troubles et
s’il est non traité, il peut amener de nombreuses complications psychologiques.
Jean-Christian
Balmat
[1] Crise
de panique :
·
Symptômes psychiques (sensation de malaise,
sentiment d’insécurité, de dépersonnalisation, de déréalisation, des troubles
sensoriels)
·
Symptômes physiques (tachycardie, palpitations,
douleur thoracique, dyspnée, oppression thoracique, nausées, bouffées de
chaleur, sueurs, frissons, tremblements, paresthésies, céphalées, douleurs
abdominales, diarrhées, vomissements)
·
Symptômes comportementaux (agitation, fuite,
sidération stuporeuse, actes auto- ou hétéro agressifs)
[2] Les
glucocorticoïdes naturels sont la cortisone et l'hydrocortisone (ou cortisol)
Effets du cortisol et de la cortisone
Le rôle du cortisol, sécrété par le cortex surrénal
(les glandes surrénales se trouvent sur le pôle supérieur des reins) à partir
du cholestérol et sous la dépendance de l'ACTH hypophysaire, est capital sur
plusieurs métabolismes.
Les interactions avec d'autres hormones sont
nombreuses et complexes.
Actions du cortisol sur :
• Le
métabolisme des sucres : augmentation de la production des sucres par le foie,
favorise hyperglycémie et hyperinsulinisme (diabète).
• Le
métabolisme des protéines: augmentation de la destruction protidique (muscles,
peau, os)
• Le
métabolisme des graisses : inhibent la lipogenése, élève le cholestérol et les
triglycérides
• Le
métabolisme de l'eau, du calcium et du sodium : augmente l'élimination de l'eau
par le rein, la rétention de sel et la perte de potassium et de calcium dans
les urines.
• Le
métabolisme osseux et la croissance : inhibition de la croissance par action
sur le cartilage, antagonisme avec la vitamine D et inhibition probable de
l'hormone de croissance.
• L'arrêt
de la croissance chez l'enfant peut survenir pour des doses peu élevées.
• Action
sur la coagulation en favorisant les thromboses.
• Action
euphorisante, stimulante sur le système nerveux central.
• Action
hypertensive par différents biais
• Action
immunologique anti-inflammatoire et antiallergique : par inhibition de la
synthèse et de la libération de nombreuses cytokines impliquées dans le
processus complexe de la réaction inflammatoire et allergique, et en
particulier dans la vasodilatation ou la contraction des muscles lisses non
vasculaires. Ils inhibent également le recrutement des leucocytes et la
migration des macrophages. ils agissent sur toutes les phases de
l'inflammation, ainsi que sur les processus de cicatrisation.
• Leur
sécrétion, comme celle de nombreuses hormones, est variable dans la journée
avec un plus bas nocturne, ce qui explique la recrudescence de tous les
processus inflammatoires la nuit (asthme, laryngite, abcès, douleurs
articulaires, etc..).
• Leur
action immunosuppressive résulte également de l'inhibition de la synthèse et de
la libération de nombreuses lymphokines, avec inhibition de l'activation et de
l'expansion clonale des lymphocytes T.
• En
excès le cortisol favorise donc les infections.
• Action
sur l'acidité gastrique pouvant entraîner ou aggraver un ulcère.
• On
peut donc constater que c'est une hormone d'adaptation au stress dont l'excès
va augmenter les facteurs de risque cardio-vasculaires.
Jean-Christian Balmat
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