mardi 30 septembre 2014

La relation à l'autre (article 5)

Se libérer de nos chaines affectives

En sortant les relations toxiques[1]


Depuis la vie intra-utérine jusqu’à sa mort, l’être humain a besoin d’établir des relations avec ses congénères afin de vivre tout simplement. Le but idéal de la relation humaine est d’apporter aux deux personnes, un gain quel qu’il soit. La satisfaction d’un manque est le but de la relation humaine. Celle-ci met en contact une personne qui donne et une autre qui reçoit, le partage ainsi créé permettant à chacun d’y trouver son compte. La relation humaine est censée être volontaire, librement consentie et positive en terme de résultat pour toutes les parties.

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Une relation toxique s’oppose à cette définition car elle met en évidence l’interaction emprunte de dépendance entre une personne dominante (symboliquement nommé ci-après le marionnettiste) avec une personne dominée (la marionnette). Cette relation foncièrement négative prive les deux protagonistes de leurs libertés et souvent même de leurs droits basiques.



Définition de la relation toxique


Une relation toxique est celle qui unit deux personnes dans une relation conditionnelle où le chantage affectif est le moyen employé par l’une des personnes dans le but de contrôler l’autre.
Dans ce type de relation, il y a toujours l’un des protagonistes qui essaie de contrôler l’autre, à l’image du marionnettiste qui contrôle la marionnette au moyen des fils.
La relation toxique finit à terme par annihiler la personnalité de celui qui se laisse contrôler. Ce dernier s’éteint littéralement car tout comme la marionnette, il n’est pas libre de ses mouvements et de ses paroles tant qu’il accepte d’être sous contrôle de son marionnettiste. Ce dernier apparemment « vainqueur » finit par payer lourdement le contrecoup de ses actes, se retrouvant seul, payant ainsi la dette qu’il a créé en agissant de cette façon.



Exemple de relation toxique


Les exemples types de relation toxique :
·         Relations parent-enfants : le parent contrôle son enfant via l’éducation en lui dictant le « permis » et l’ « interdit ». Puis, arrivé au stade de l’adolescence de sa progéniture, il sent qu’il perd le contrôle et tente par tous les moyens de ne pas le laisser partir et surtout de ne pas perdre le contrôle.
·         Relation de couple : le conjoint peu sûr de lui intérieurement, extrêmement jaloux en société, qui met en place toute une stratégie  afin de contrôler, voir même d’enfermer son conjoint afin que ce dernier ne le quitte pas.
·         Relation Nord-sud : longtemps, les pays occidentaux industriels et « civilisés » ont colonisé les pays moins développés et « primitifs ». En imposant leur culture, leur économie et leur religion, ils ont en grande partie annihilé les cultures locales souvent (tout le temps ?) mieux adaptés pour les peuples locaux. Basé sur des dogmes réducteurs, cette façon de voir à réduit pratiquement à néant la diversité culturelle qui était une richesse en soi. Les pillages des richesses des pays colonisés a généré des problèmes immenses que nous assumons à l’heure actuelle : désertification ou stérilité des terres, pollution à long terme pour les pays ; immigration massive ou dépendance face aux aides des personnes.
·         Relation employeur-employé : lorsque le travail n’est pas valorisé par un salaire décent, le travailleur se sent exploité mais ne peut souvent pas protester parce qu’il a besoin de ce travail pour assurer ses besoins vitaux de base. Il s’en suit une relation hautement toxique où tôt ou tard l’exploité se venge souvent des brimades vécues. L’esclavage des noirs américains est l’exemple-type de cela.



Comment cela fonctionne


Ce genre de relation négative est possible lorsqu’un lien de dépendance bilatérale unit les deux parties : le marionnettiste a besoin de la marionnette pour se valoriser alors que, dans le même temps, la marionnette croit illusoirement ne pas pouvoir s’affranchir de son marionnettiste.

Cette relation est destructrice pour les deux parties :
·         Le marionnettiste pense contrôler l’autre en le restreignant dans ses paroles et ses actes projetant sur lui ses propres vérités en lui volant sa liberté et en le privant de son libre-arbitre. Cette attitude démontre les névroses et problèmes graves de la structure personnelle de la personne tente de tout contrôler chez l’autre. Celle-ci a souvent vécu exactement la même chose plus tôt dans sa vie et le reproduit. Elle fait souffrir autant qu’elle souffre elle-même.
·         La marionnette dont la personnalité se fane peu à peu de par les privations de liberté entrainées par les chaines qui la relie au marionnettiste. Sa personnalité reste totalement inhibée et ne peut s’exprimer librement et ainsi se structurer par l’action naturelle des expériences de vie.



Les moyens de contrôle du marionnettiste


Afin d’exercer son contrôle sur l’autre, le marionnettiste met en place plusieurs systèmes :
·         La punition : « si tu ne m’obéis pas en faisant (ou disant) ce que je veux que tu fasses (ou dise), tu seras punis ».
·         La culpabilisation : « après tout ce que je t’ai donné tu m’abandonnes, vois-tu seulement à quel point tu me fais mal ? »
·         La politique de la peur : « observe comment je t’ai créé un monde doux et confortable, juste pour toi. Mais à l’extérieur de celui-ci c’est la jungle peuplée de grands méchants loups qui vont te dévorer sans pitié. Vois où est ton intérêt : vis avec moi ou meurs en fréquentant les autres ».
·         Le (pseudo) sacrifice imposé : «  je t’ai donné toute ma vie, chaque goutte de sang et tu vois comment tu me remercie ! Je t’ai donné ma vie, tu me dois la tienne.



La dévalorisation et la culpabilité de la marionnette


La marionnette étant entravée pas ses liens, vit en cage et à l’image d’un animal en cage, perd ses qualités propres au fur et à mesure du temps. S’en suit une dévalorisation de la personne par elle-même qui se perçoit très négativement en ayant une très mauvaise image d’elle-même.
La marionnette se rend souvent compte de sa relation pathologique avec le marionnettiste. Mais bien qu’objectivement cela soit faux, elle culpabilise de vouloir rompre cette relation afin de prendre soin d’elle et finit souvent par rester complètement dépressive dans la relation, étant sûr qu’elle est « endettée » relationnellement.
Les frustrations des personnes dans ce cas sont comme autant de bâtons de dynamite qui n’attendent que des détonateurs pour exploser ! Maladies graves, toxicomanies, troubles familiaux et sociaux violents sont autant de manifestations de cet état.



Se sortir de ce type de relation

En tant que marionnette

La marionnette doit s’autoriser à vivre sa vie telle qu’elle l’entend en choisissant de penser, de s’exprimer et d’agir en jouissant pleinement de son libre-arbitre sans restriction (tout en respectant la liberté des autres évidement).
Ce travail nécessite en général un thérapeute mais cependant peut parfaitement être effectué seul pour autant que la personne touchée soit capable de se regarder objectivement.
Ce processus nécessite dans un premier temps que la marionnette s’aperçoive à quel point elle vit sous le contrôle de son marionnettiste. Puis, elle devra apprendre à réfléchir, éprouver, exprimer, agir sans tenir compte de son marionnettiste. Enfin, après avoir un peu tiré sur les chaines elle devra les rompre afin de prendre enfin son envol et vivre sa propre vie sans en référer à qui que ce soit en se respectant pleinement.
Ce processus passe par l’acquisition de la connaissance :
·         De l’esprit : par la lecture, l’apprentissage la personne accède à ses droits fondamentaux d’être humain.



·         De l’affect : en sortant de la relation toxique, elle apprend que l’on n’éduque pas par la punition ou le chantage affectif mais par le dialogue. De même, l’amour ne s’exprime ni par la jalousie, le contrôle ou la violence. En travaillant à redéfinir ses relations affectives avec ses congénères, elle apprend que celles-ci se déroulent dans le respect, le plaisir et la satisfaction.
·         Du corps : en exorcisant les douleurs subies, elle apprend pas-à-pas le respect de son intégrité corporel et acquiert le droit de la protéger au cas échéant.



En tant que marionnettiste

Le marionnettiste devra dans un premier temps s’apercevoir qu’il prive sa marionnette de sa propre vie et qu’il ne peut pas argumenter lui manifester son amour au travers de ce contrôle outrancier. Car aussi étonnant que cela puisse paraitre, le marionnettiste aime sa marionnette mais l’exprime d’une façon pathologique et négative. La projection de ses propres peurs et angoisses sur l’autre « l’oblige » à restreindre ses mouvements afin de le protéger.
En faisant un long travail d’introspection sur lui-même et son passé, le marionnettiste peut ouvrir les yeux sur le fait qu’aimer c’est donner la liberté à l’être aimé et non l’enferme par peur qu’il parte.
Le marionnettiste est un grand malade de l’amour : il en manque tellement que lorsqu’il aime quelqu’un il en devient dépendant et finit par le contrôler afin qu’il ne lui échappe pas. Il souffre également souvent d’un gros complexe d’infériorité qu’il le pousse à contrôler tout son environnement en jouant l’Alpha auprès de ses proches sans les avoir consultés. Sa négation de l’autre, démontre sa négation de sa propre personnalité dans les faiblesses et lacunes sont effrayantes pour lui.
Lui faire comprendre qu’en redonnant la liberté à l’autre, il se libère lui-même de ses propres névroses est sûrement la phase la plus dure du processus.
Dans certains cas, le processus de guérison passe par une sanction forte (internement par exemple) si le marionnettiste a violé la loi. Il est important dans ce cas de voir que ce passage est dans ce cas précis positif car il est parfois la seule façon de démontrer au marionnettiste son erreur en lui donnant la chance de recommencer une nouvelle vie.



Conclusion


Les relations toxiques sont monnaies courantes dans nos sociétés, d’où que l’on vienne, quel que soit notre sexe et notre niveau social. Sortir de cela est possible et positif pour les deux parties.
Les deux protagonistes ont besoin d’aide afin de sortir de ce cercle vicieux qui ne contamine pas qu’eux deux mais tout leur environnement.
Chacun de nous peut et à le droit de se libérer de ses chaines relationnelles afin de reconquérir sa liberté. Une fois acquise nous pouvons participer à aider d’autre congénères afin de créer, enfin, une belle société dans laquelle chacun sera au bénéfice des mêmes droits quel que soit son âge, son sexe, sa couleur de peau et son niveau social.



                                                                                     Jean-Christian Balmat

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