Se libérer de nos chaines affectives
En sortant les relations toxiques[1]
Depuis la vie intra-utérine jusqu’à sa mort, l’être humain a
besoin d’établir des relations avec ses congénères afin de vivre tout
simplement. Le but idéal de la relation humaine est d’apporter aux deux
personnes, un gain quel qu’il soit. La satisfaction d’un manque est le but de
la relation humaine. Celle-ci met en contact une personne qui donne et une
autre qui reçoit, le partage ainsi créé permettant à chacun d’y trouver son
compte. La relation humaine est censée être volontaire, librement consentie et
positive en terme de résultat pour toutes les parties.
Une relation toxique s’oppose à cette définition car elle
met en évidence l’interaction emprunte de dépendance entre une personne
dominante (symboliquement nommé ci-après le marionnettiste) avec une personne
dominée (la marionnette). Cette relation foncièrement négative prive les deux
protagonistes de leurs libertés et souvent même de leurs droits basiques.
Définition de la relation toxique
Une relation toxique est celle qui unit deux personnes dans
une relation conditionnelle où le chantage affectif est le moyen employé par
l’une des personnes dans le but de contrôler l’autre.
Dans ce type de relation, il y a toujours l’un des
protagonistes qui essaie de contrôler l’autre, à l’image du marionnettiste qui
contrôle la marionnette au moyen des fils.
La relation toxique finit à terme par annihiler la
personnalité de celui qui se laisse contrôler. Ce dernier s’éteint
littéralement car tout comme la marionnette, il n’est pas libre de ses
mouvements et de ses paroles tant qu’il accepte d’être sous contrôle de son
marionnettiste. Ce dernier apparemment « vainqueur » finit par payer
lourdement le contrecoup de ses actes, se retrouvant seul, payant ainsi la
dette qu’il a créé en agissant de cette façon.
Exemple de relation toxique
Les exemples types de relation toxique :
·
Relations parent-enfants : le parent
contrôle son enfant via l’éducation en lui dictant le « permis » et
l’ « interdit ». Puis, arrivé au stade de l’adolescence de sa
progéniture, il sent qu’il perd le contrôle et tente par tous les moyens de ne
pas le laisser partir et surtout de ne pas perdre le contrôle.
·
Relation de couple : le conjoint peu sûr de
lui intérieurement, extrêmement jaloux en société, qui met en place toute une
stratégie afin de contrôler, voir même
d’enfermer son conjoint afin que ce dernier ne le quitte pas.
·
Relation Nord-sud : longtemps, les pays
occidentaux industriels et « civilisés » ont colonisé les pays moins
développés et « primitifs ». En imposant leur culture, leur économie
et leur religion, ils ont en grande partie annihilé les cultures locales
souvent (tout le temps ?) mieux adaptés pour les peuples locaux. Basé sur
des dogmes réducteurs, cette façon de voir à réduit pratiquement à néant la
diversité culturelle qui était une richesse en soi. Les pillages des richesses
des pays colonisés a généré des problèmes immenses que nous assumons à l’heure
actuelle : désertification ou stérilité des terres, pollution à long terme
pour les pays ; immigration massive ou dépendance face aux aides des
personnes.
·
Relation employeur-employé : lorsque le
travail n’est pas valorisé par un salaire décent, le travailleur se sent
exploité mais ne peut souvent pas protester parce qu’il a besoin de ce travail
pour assurer ses besoins vitaux de base. Il s’en suit une relation hautement toxique
où tôt ou tard l’exploité se venge souvent des brimades vécues. L’esclavage des
noirs américains est l’exemple-type de cela.
Comment cela fonctionne
Ce genre de relation négative est possible lorsqu’un lien de
dépendance bilatérale unit les deux parties : le marionnettiste a besoin
de la marionnette pour se valoriser alors que, dans le même temps, la
marionnette croit illusoirement ne pas pouvoir s’affranchir de son
marionnettiste.
Cette relation est destructrice pour les deux parties :
·
Le marionnettiste pense contrôler l’autre en le
restreignant dans ses paroles et ses actes projetant sur lui ses propres
vérités en lui volant sa liberté et en le privant de son libre-arbitre. Cette
attitude démontre les névroses et problèmes graves de la structure personnelle
de la personne tente de tout contrôler chez l’autre. Celle-ci a souvent vécu
exactement la même chose plus tôt dans sa vie et le reproduit. Elle fait
souffrir autant qu’elle souffre elle-même.
·
La marionnette dont la personnalité se fane peu
à peu de par les privations de liberté entrainées par les chaines qui la relie
au marionnettiste. Sa personnalité reste totalement inhibée et ne peut
s’exprimer librement et ainsi se structurer par l’action naturelle des
expériences de vie.
Les moyens de contrôle du marionnettiste
Afin d’exercer son contrôle sur l’autre, le marionnettiste
met en place plusieurs systèmes :
·
La punition : « si tu ne m’obéis pas
en faisant (ou disant) ce que je veux que tu fasses (ou dise), tu seras
punis ».
·
La culpabilisation : « après tout ce
que je t’ai donné tu m’abandonnes, vois-tu seulement à quel point tu me fais
mal ? »
·
La politique de la peur : « observe
comment je t’ai créé un monde doux et confortable, juste pour toi. Mais à
l’extérieur de celui-ci c’est la jungle peuplée de grands méchants loups qui
vont te dévorer sans pitié. Vois où est ton intérêt : vis avec moi ou
meurs en fréquentant les autres ».
·
Le (pseudo) sacrifice imposé : « je
t’ai donné toute ma vie, chaque goutte de sang et tu vois comment tu me
remercie ! Je t’ai donné ma vie, tu me dois la tienne.
La dévalorisation et la culpabilité de la marionnette
La marionnette étant entravée pas ses liens, vit en cage et
à l’image d’un animal en cage, perd ses qualités propres au fur et à mesure du
temps. S’en suit une dévalorisation de la personne par elle-même qui se perçoit
très négativement en ayant une très mauvaise image d’elle-même.
La marionnette se rend souvent compte de sa relation
pathologique avec le marionnettiste. Mais bien qu’objectivement cela soit faux,
elle culpabilise de vouloir rompre cette relation afin de prendre soin d’elle
et finit souvent par rester complètement dépressive dans la relation, étant sûr
qu’elle est « endettée » relationnellement.
Les frustrations des personnes dans ce cas sont comme autant
de bâtons de dynamite qui n’attendent que des détonateurs pour exploser !
Maladies graves, toxicomanies, troubles familiaux et sociaux violents sont
autant de manifestations de cet état.
Se sortir de ce type de relation
En tant que marionnette
La marionnette doit s’autoriser à vivre sa vie telle qu’elle
l’entend en choisissant de penser, de s’exprimer et d’agir en jouissant
pleinement de son libre-arbitre sans restriction (tout en respectant la liberté
des autres évidement).
Ce travail nécessite en général un thérapeute mais cependant
peut parfaitement être effectué seul pour autant que la personne touchée soit
capable de se regarder objectivement.
Ce processus nécessite dans un premier temps que la
marionnette s’aperçoive à quel point elle vit sous le contrôle de son
marionnettiste. Puis, elle devra apprendre à réfléchir, éprouver, exprimer,
agir sans tenir compte de son marionnettiste. Enfin, après avoir un peu tiré
sur les chaines elle devra les rompre afin de prendre enfin son envol et vivre
sa propre vie sans en référer à qui que ce soit en se respectant pleinement.
Ce processus passe par l’acquisition de la
connaissance :
·
De l’esprit : par la lecture,
l’apprentissage la personne accède à ses droits fondamentaux d’être humain.
·
De l’affect : en sortant de la relation
toxique, elle apprend que l’on n’éduque pas par la punition ou le chantage
affectif mais par le dialogue. De même, l’amour ne s’exprime ni par la
jalousie, le contrôle ou la violence. En travaillant à redéfinir ses relations
affectives avec ses congénères, elle apprend que celles-ci se déroulent dans le
respect, le plaisir et la satisfaction.
·
Du corps : en exorcisant les douleurs
subies, elle apprend pas-à-pas le respect de son intégrité corporel et acquiert
le droit de la protéger au cas échéant.
En tant que marionnettiste
Le marionnettiste devra dans un premier temps s’apercevoir
qu’il prive sa marionnette de sa propre vie et qu’il ne peut pas argumenter lui
manifester son amour au travers de ce contrôle outrancier. Car aussi étonnant
que cela puisse paraitre, le marionnettiste aime sa marionnette mais l’exprime
d’une façon pathologique et négative. La projection de ses propres peurs et
angoisses sur l’autre « l’oblige » à restreindre ses mouvements afin
de le protéger.
En faisant un long travail d’introspection sur lui-même et
son passé, le marionnettiste peut ouvrir les yeux sur le fait qu’aimer c’est
donner la liberté à l’être aimé et non l’enferme par peur qu’il parte.
Le marionnettiste est un grand malade de l’amour : il
en manque tellement que lorsqu’il aime quelqu’un il en devient dépendant et
finit par le contrôler afin qu’il ne lui échappe pas. Il souffre également
souvent d’un gros complexe d’infériorité qu’il le pousse à contrôler tout son
environnement en jouant l’Alpha auprès de ses proches sans les avoir consultés.
Sa négation de l’autre, démontre sa négation de sa propre personnalité dans les
faiblesses et lacunes sont effrayantes pour lui.
Lui faire comprendre qu’en redonnant la liberté à l’autre,
il se libère lui-même de ses propres névroses est sûrement la phase la plus
dure du processus.
Dans certains cas, le processus de guérison passe par une
sanction forte (internement par exemple) si le marionnettiste a violé la loi.
Il est important dans ce cas de voir que ce passage est dans ce cas précis
positif car il est parfois la seule façon de démontrer au marionnettiste son
erreur en lui donnant la chance de recommencer une nouvelle vie.
Conclusion
Les relations toxiques sont monnaies courantes dans nos
sociétés, d’où que l’on vienne, quel que soit notre sexe et notre niveau
social. Sortir de cela est possible et positif pour les deux parties.
Les deux protagonistes ont besoin d’aide afin de sortir de
ce cercle vicieux qui ne contamine pas qu’eux deux mais tout leur
environnement.
Chacun de nous peut et à le droit de se libérer de ses
chaines relationnelles afin de reconquérir sa liberté. Une fois acquise nous
pouvons participer à aider d’autre congénères afin de créer, enfin, une belle
société dans laquelle chacun sera au bénéfice des mêmes droits quel que soit
son âge, son sexe, sa couleur de peau et son niveau social.
Jean-Christian Balmat
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